La théorie du chaos au Gabon - Non merci !

Le Gabon est-il vraiment au bord de l’embrasement ? Il n’y a plus que les médias français qui véhiculent cette hypothèse qui s’est jusqu’ici avérée fausse, mais on annonce le pire à l’issue de l’élection présidentielle. Comme si l’on préparait déjà l’opinion pour d’éventuels troubles post-électoraux pour contester le président élu ou réélu. Les rumeurs vont jusqu’à inventer l’entrée d’armes et de miliciens par une entreprise gabonaise qui a fermement démenti les faits.

Une coalition d’ONG a tiré la sonnette d’alarme face à ce qu’elle ressent comme « une forte radicalisation des différents camps politiques ». Les discours des opposants qui briguent le fauteuil présidentiel se durcissent en effet. La violence des propos envers le président de la République a des tournures très imaginatives mais l’intéressé ne s’en émeut pas outre mesure. Sans doute pour éviter d’être accusé d’être un dictateur ou un ennemi de la liberté d’expression. « Il y a plusieurs candidats, mais il y aura un seul élu », a déclaré Guy RénéMomboLembomba, qui parle au nom de la coalition. « Il ne faut pas brûler notre pays, notre patrimoine commun. C’est ce que nous avons consigné dans le manifeste que nous sommes allés remettre à la délégation de l’UE et à celle des Nations unies. Ces institutions ont une longue tradition dans l’exercice et la pratique de la démocratie ».

Des mobiles et des stratagèmes politiques

La stratégie du chaos, qui est mis en pratique après une élection quand le résultat ne satisfait pas un candidat et son parti, est un risque réel. Ali Bongo Ondimba est jusque-là le favori de la présidentielle d’août 2016. C’est donc lui qui doit faire à ce que ce chaos n’arrive pas. Des faits précurseurs et la préparation à peine voilée de l’opinion ne sont pas à négliger, sans pour autant tomber dans le piège d’une répression même préventive. D’un autre côté, ceux qui ont le mobile de mettre le pays dans un trouble post-électoral sont ceux qui se voient perdre. Bien sûr, ils essaient de disqualifier le favori afin de lui enlever toute légitimité quand celui-ci sera réélu. Ce qui justifierait alors le chaos. L’autre moyen est de contester les résultats des élections pour créer un vrai trouble post-électoral. Pour ce faire, le parti et son candidat vont répandre la théorie de l’élection truquée par le pouvoir, cela bien avant que le scrutin ait lieu.

Le chaos, c’est aussi dans la tête des gens que les politiciens les sèment. C’est là que l’on entend que des miliciens d’un pays voisins et des armes ont été introduits en secret. Mais il n’en est rien. « OlamRubber Gabon » s’étonne et déplore plusieurs rapports diffusés ces derniers jours à propos de supposées armes de guerre et miliciens qui seraient entrés au Gabon en s’appuyant sur des moyens mis à disposition par notre société à Bitam. Nous dénonçons ces dires et souhaitons signifier toute notre indignation. Aucun de nos camions, ni de nos collaborateurs n’ont été́ suspectés ni arrêtés par les autorités pour les faits présentés. Les informations relayées sont donc tout simplement mensongères ». Voilà qu’une entreprise respectable qui va peser de tout son poids pour contribuer au développement de l’économie gabonaise doit se défendre sur un terrain miné par la politique.

Les forces gabonaises restent vigilantes si un ou plusieurs candidats pensent utiliser la force pour déstabiliser le pays et chercher à invalider l’élection. On sait déjà qu’il y a un grand pays qui pourrait appuyer les futurs révolutionnaires pour destituer un président qui ne lui obéit pas au doigt et à l’œil. Le Gabon est un peuple sage et non violent. Le paradoxe africain est que l’alternance est l’œuvre d’une puissance étrangère au mépris de la volonté du peuple. On renverse les présidents africains au nom de la démocratie et leur pays restera dans le chaos et dans les difficultés économiques des années entières.